Description
UNE PAGE D’ECRITURE
Une page d’écriture
Si pure, si pure
Est comme un mur des lamentations
Sur lequel le chagrin
Se penche, s’épanche
Dodeline sa tête
Si blonde, si blonde
Et ronde comme un zéro
Un O, un O
Une page d’écriture
Si dure, si dure
Est comme un cœur sur lequel on souffre
Sur lequel on pleure
Si fort, si fort
Que le zéro s’essouffle
Si souple, si souple
Et se cercle de I
Pointus, pointus
Comme des fils de fer barbelés
Blindés, dorés
Alors le O s’ouvre
Et souffre, et souffre
Et devient un bel U
Repu, repu
Tels deux I qui s’aiment
S’étreignent, s’étreignent
Bras-dessus dessous
Comme deux amants
Comme deux amis
Et dure, et dure
Le temps
D’une page d’écriture.
ETAT D’AME
Je promène
Un bel état d’âme
Qui m’entraîne
A travers le drame
De ma peine
De ma vie
Il ne reste rien
Je ne puis
Rester sur ma faim
je m’enfuis
Je voudrais
Vêtu d’un seul pagne
Désormais
Avec ma compagne
Vivre gai
Mais les tiens
Une pire espèce
Ne fais rien
Qu’on ne te dépèce
De ton bien
Ton argent
N’a pas d’importance
Et tu prends
Pour de l’arrogance
Mon tourment
Et tu oses
me jeter en face
Que les choses
Qui me sont de glace
Sont bien roses
Le bien-être
Que tu peux donner
Doit paraître
Pour moi malaisé
Me maltraite
Les conquêtes
les automobiles
les requêtes
Richesses fébriles
Et les fêtes ?
Et l’amour
L’amitié l’honneur
Quel recours
Contre le malheur ?
Ton amour
Suffit au bonheur
ALCOOL
L’alcool est un chômage
Pour une araignée
Qui trottine
Dans le vide
Des cerveaux
A tout âge.
MON CORPS EST INHUMAIN
Mon visage indolent
Traumatisé
Est hagard de tourment
Didactisé.
Mon corps intelligent
Trop s’éternise
Dans un cirque étonnant
Et qui s’épuise.
Ma main droite atrophiée
Dans l’eau se glisse
Et le feu l’a défiée
Une peau lisse.
Mon pied impérissable
Et douloureux
S’enfonce dans le sable
D’un rêve odieux.
Et ma joue se décharne
Se décompose
Aussi mûre qu’une carne
Blessure rose.
Mon ventre étrange amer
Me fait souffrir
Dans ma bouche éphémère
Dort un soupir.
Ma jambe est lourde et creuse
D’une torpeur
Une douleur mord gueuse
Dans mon malheur.
Ma tête est très ébouriffée
De crayons fous
Qui ont trop souvent griffonné
Des billets doux.
Tout mon être est pareil
A la lueur
A la lumière d’un soleil
D’une frayeur.
Mon corps ne serait plus un corps
Même inhumain
L’enterrement est le plus fort
Ne garde rien !
IVRESSE
Si je vois double, c’est
Parce que
Les murs de la réalité
Se troublent
En un drame matériel
Dans la grisaille.
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